2016

Les membres de l’ASA gagnent en moyenne CHF 200 000. Néanmoins, existerait-il une différence salariale entre les femmes et les hommes?

Plusieurs publications internationales mentionnent le métier d’actuaire comme le meilleur emploi au monde. Les raisons en seraient que les actuaires bénéficient d’une bonne rémunération tout en jouissant d’un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cependant, qu’en est-il plus particulièrement en Suisse, pays de l’assurance et de la réassurance par excellence? Nous nous sommes penchés sur le sujet en mettant en oeuvre une étude afin de déterminer si tel y est aussi le cas.

A cette fin, nous avons eu l’occasion d’envoyer un questionnaire aux 1 170 membres de l’ASA. Nous tenons ici à remercier les 468 personnes qui y ont répondu (taux de participation de 40%). Si, comme indiqué sur la figure 1, une majorité d’hommes a répondu au sondage (72%), la proportion de femmes parmi les répondants au sondage (28 %) est plus importante que la proportion de femmes parmi les membres de l'ASA.

Notons le taux élevé de participation des jeunes membres de l’ASA, qui démontre ainsi l’intérêt des jeunes générations à avoir une certaine transparence quant aux salaires des actuaires. En complément d’information, la figure 2 montre la distribution par classe d’âge des participants à l’étude et la compare avec la distribution par classe d’âge de nos membres. De plus, l’âge moyen des participants à cette étude est inférieur à celui des membres de l’ASA et le salaire moyen calculé est potentiellement plus faible que le salaire moyen réel des membres de l’ASA.

En outre, les femmes ayant répondu à cette étude étant plus jeunes que les hommes (âge moyen des femmes: 40 ans; âge moyen des hommes: 43,5 ans), une comparaison du salaire moyen des femmes et des hommes n’est pas possible sans effectuer une correction pour l’âge.

Il est aussi intéressant de constater que d’un point de vue géographique, Zurich est le canton le plus représenté, suivi de loin par le canton de Vaud. Pour des raisons de confidentialité, nous avons regroupé dans la catégorie «autres cantons» les cantons ayant moins de 10 participants à l’étude (notamment Saint-Gall, Genève, Lucerne, Neuchâtel, Tessin, Thurgovie, Zoug, Valais et Schwyz).

Le salaire moyen des participants à l’étude est de CHF 160 000 sans bonus et de CHF 200 000 avec bonus.

Les salaires représentés dans cette étude correspondent à des salaires annuels bruts de 2015, convertis en équivalent temps plein. Les bonus ainsi que les avantages offerts par l’employeur ne sont pas convertis en équivalent temps plein.

Un actuaire de 50 ans gagne en moyenne CHF 77 000 de plus qu’un actuaire de 30 ans. Avec bonus la différence est de CHF 118 000.

La différence entre le salaire moyen avec bonus des hommes et des femmes est de CHF 23’000. Existerait-il une discrimination entre des femmes et les hommes?

Au final, non, il n’y a pas de discrimination entre des femmes et les hommes.

Lors de notre analyse, nous avons constaté que les femmes ayant participé à l’étude sont plus jeunes que les hommes et qu’un plus grand nombre travaille à temps partiel. L’analyse du salaire sans ajustement pour les temps partiels montre une différence de revenu total entre les femmes et les hommes de CHF 38 500. Or, si l’on effectue une régression tout en prenant ces facteurs en compte, il s’avère que le genre n’est pas une variable explicative statistiquement signifi- cative.

La figure 8 illustre l’impact de quelques variables explicatives. Il faut noter que le profil de base utilisé pour la régression est une femme avec quelques années d’expérience, travaillant en tant qu’employée dans une petite entreprise du canton de Zurich (voir les attributs sous la ligne grise).

Notons que cette analyse a été réalisée par rapport au salaire sans considérer le bonus. Toutefois, si ce dernier est pris en compte, le secteur de la réassurance se voit alors mieux rémunéré que celui des assurances et du conseil.

Ainsi, jusqu’à présent, nous pouvons constater que les actuaires en Suisse sont bien rémunérés. Mais qu’en est-il de leur satisfaction au travail? Il est heureux de constater que les participants à l’étude se déclarent satisfaits, voire très satisfaits, de leur emploi et de leur salaire.

En conclusion, à travers cette étude, nous pouvons confirmer que le métier d’actuaire est une activité professionnelle bien rémunérée en Suisse et que les membres de l’ASA sont satisfaits, voire très satisfaits, de leur emploi. Cela est particulièrement réjouissant dans le contexte économique actuel, et contribue à attirer les talents d’aujourd’hui et de demain vers les secteurs employant les actuaires (prévoyance, assurance, réassurance, audit et conseil), et favorisant ainsi la pérennité de la branche actuarielle.

Sandra Moringa & Christophe Heck
Nos remerciements vont tout particulièrement au Département des sciences Actuarielles de l’université de Lausanne (Professeur Joël Wagner et Michel Fuino) pour l’aide et les précieux conseils apportés dans l’analyse.

A propos des auteurs
Sandra Moringa est Structurer/Transaction Manager pour L&H Structured Solution chez Swiss Re. Après avoir travaillé à Londres en tant qu’actuaire de réassurance vie et santé, Sandra travaille dans l’équipe de solutions structurées non-traditionnelles à Zurich. Ses activités consistent à créer et tarifer des transactions financières faites sur mesure pour les clients européens. Elle a suivi des études en management et actuariat à l’université de Lausanne et est qualifiée en tant qu’Actuaire ASA.

Christophe Heck est L&H Client & Transaction Manager chez Swiss Re. Ses activités consistent à gérer des comptes clients dans différents marchés tels que la Belgique et le Luxembourg et d’assurer l’exécution de transactions de réassurance financière en Europe. Il a suivi des études en économie politique et sciences actuarielles à l’université de Lausanne.

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